Mise en ligne: 16 Février 2018

               

 Alfred LEBRATI: Maalem Sassi (1885 - 1971)

 

Alfred LEBRATI dit SASSI, est né le 08 septembre 1885 à Constantine (Rue GRANI – vielle ville). Fils de Meyer et de Rebecca CHEMLA. Son père serait originaire de Tunis ; arrivé à Constantine au milieu du 19ème siècle.

Troisième enfant d’une famille nombreuse, Sassi se voit déjà grandir dans un environnement artistique où son père exerçait le métier de passementier. Une fonction qui lui permet de fréquenter les notables et les artistes de la ville du Rocher et, plus tard, ceux de la ville d’Alger où il vient s’installer à la basse Casbah (Rue Socgemaah).

 
  • LES DEBUTS.
C’est dans ce quartier de la basse Casbah où il fréquente alors l’école Verdier de la rue Médée que Sassi va apprendre à écouter et à jouer de la musique. Il côtoya les chantres de la synagogue d’Alger ainsi que les grands chanteurs et musiciens tels que Mohamed Ben Ali Sfindja, Eliaho Serror, M’khilef Bouchara, Edmond Nathan Yafil, etc.
Il fréquente alors les premières écoles de musique arabe.
Dès son mariage le 27/10/1904, il s’installa avec son épouse Mme Camille-Louise YAICHE (originaire de Médéa) à la rue Socgemah puis à la rue Savignac. Enfin, il déménage au 36 rue Bab El Oued (quartier appelé « les bains parisiens » où résidaient tous les musiciens de la communauté israélite d’Alger.
 
  • LE BAR RESTAURANT (du 2, rue de la lyre à Alger).
Il est appelé au front aux Dardanelles durant la guerre 14-18.
De retour, il reprendra son activité musicale tout en gardant son métier de cordonnier jusqu’à ce qu’il s’associe à son ami M JAIS pour l’acquisition du Bar-Restaurant situé au N°02 rue de la Lyre (le fameux « kahwat Sassi » devenu aujourd’hui magasin de tissus).
C’est dans cet établissement que l’activité musicale de Sassi va se développer en organisant des soirées, diners, banquets avec récitals allant jusqu’à se produire personnellement avec des orchestres très restreints.
 

 
  • LES SOCIETES MUSICALES ET LES ASSOCIATIONS.
Engagé dans le réseau associatif dès les années 20 ; 30 et 40, il fut membre très actif dans plusieurs mutuelles et associations de musique et de bienfaisance (la mutuelle des Constantinois, la Société Musicale le Diapason, l’association des mandolinistes de Bab El Oued, la mutuelle des anciens élèves de l’école Verdier...).
En juin 1933, il participa au Congrès d’Oran organisé par la ville en collaboration avec la fédération Nord Afrique de musique. C’est au cours de ce Congrès qu’on lui décerna la Médaille du Mérite pour ses 25 ans de services rendus à la culture.

Quelques années plus tard, en 1939, il est désigné Officier de l’Académie de l’Art. Son nom est cité partout dans la presse (l’Echo d’Alger, le Matin, l’Algérois, les bulletins des différentes fédérations…) qui relate ses tournées et ses prestations.

On le retrouve avec les sociétés musicales comme El-Motribia ; El-Andaloussia ; El-Moussilia. Il monopolise presque la scène algéroise des années 20 et 30 avec Laho Serror, Joseph Kespi, Bachetarzi ...
 
  • LA RADIO.
Dès l’instauration de l’Orchestre Andalou à la Station Radio Alger en 1946, Sassi fut invité pour donner des concerts chaque lundi soir et ce jusqu’à la fin des années 50.
 
Hadj Mamed Benchaouche, nous raconta l’anecdote suivante. (voir Album)
Lors d’une répétition pour un concert à la radio, Sassi s’est vu obligé de chanter un programme qui n’était pas de son choix. Au moment du concert, diffusé en direct, il changea le programme en interprétant toute une Nouba (Raml al Maya) avec le même texte « Selli Homoumek » depuis le Meçadder jusqu’au Khlass, ce qui a irrité au plus haut point le Maitre Mohammed Fekhardji, le chef d’orchestre.
 
  • LE CONSERVATOIRE D'ALGER.
En 1948, il est invité au Conservatoire d’Alger, dirigé par Gontran DESSAGNES, pour y enseigner la musique andalouse (après la réouverture des classes de musique arabe et l'intégration des élèves musulmans jusqu'alors privés de conservatoire -à de très rares exceptions-. Avec Mohamed Fakhardji, ils seront les deux professeurs qui vont relancer la musique arabe au sein de cet établissement prestigieux. Parmi ses élèves figurent Sid Ahmed Serri et Said Azgui. Il quitte ce poste d'enseignant en 1954 pour se consacrer aux émissions de la radio et aux tournées. Sa classe fut récupérée par Cheikh Belhocine.
 
  • LE MANDOLINISTE VIRTUOSE.
Maitrisant la mandoline son instrument favori, Sassi s’est démarqué par sa technicité et sa façon de tenir et de jouer cet instrument. Sa connaissance du répertoire classique et tous les genres apparentés a fait de lui l’artiste complet car on le voit chanter, jouer, mais aussi composer un bon nombre de pièces (il aurait composé une centaine de chansons tout genre confondu : chant religieux hébraïque et profane.
Maalem Sassi comme aimaient l’appeler ses amis et les anciens musiciens n’a pas hésité à déposer sa voix sur les disques 78 t produits par de grands labels tels que Gramophone ; Odéon ; Columbia et tant d’autres. On lui connait aussi un bon nombre de bandes magnétiques enregistrées à la radio ou à l’occasion des concerts et soirées.
Avec son meilleur ami Lili Laabassi, Sassi égaya toutes les soirées privées de la place d’Alger et des villes voisines, un long parcours les regroupa tous les deux courant les années 40 et 50  pour faire valoir leur savoir-faire et leurs compétences.
               

               
Père de 5 enfants dont une seule fille musicienne, Mme Mireille LEBRATI (qui a étudié le piano au conservatoire d’Alger pendant 11 ans).
Le destin l’obligea à quitter Alger en juillet 1962, pour s’installer à Paris où il passera le restant de sa vie auprès de sa famille.
               

               
Il décède le 03/09/1971 à Bobigny. Il est enterré au cimetière de Pantin où il repose en paix.
Hommage à ce grand artiste qui a tant donné à la musique algérienne et dont le talent force le respect !
 

Page présentée par M. Ouail Labassi.

               
Nos remerciements à la famille du Maalem Sassi et plus particulièrement à Mme M. LIBRATI.

Nous remercions aussi Monsieur J.M ASSAYAG.

 
               
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