21 Février 2018

       

Chaouel (Saül) DURAND (1865-1928)

dit MOUZINO

       

Chaouel ou Saül DURAND dit le Maalem Mouzino né le 29 décembre 1865 à Constantine. Fils de Moïse DURAND et Hanina ABOUCAYA (juive d’origine tunisienne).

Très jeune, il se familiarise avec le monde artistique de la musique. Il participe souvent avec son père Moïse dans les différentes Nechrate et Touhifate organisées par la communauté juive dans la vielle ville de Constantine. En riche commerçant, son père organise des soirées privées au sein de leur demeure d’été à Koudyate Âbed. C’est au cours de ces soirées qu’il va rencontrer de nombreux musiciens dont le fameux Abrahem Fitoussi (l’oncle de la chanteuse Alice Fitoussi) qui va l’initier aux premières notions de la musique.

       
Lorsque sa famille quitte Constantine pour s’installer à Alger, il s’est mis rapidement à fréquenter les cafés maures où se produisaient les grands maîtres de renom tels que Ben Farachou et Ben Ali Sfindja qui fut son maître direct en l’initiant à la çanaa et aux genres apparentés. Par la suite, ce dernier (Sfindja) l’intégre officiellement dans son orchestre à côté de ses disciples Ben Tefahi, Edmond Yafil, Eliaho Serror, Saïdi, Shaloum…etc.
       

Photo (supposée) de Mouzino à 24 ans, à son arrivée à Alger

Dans ces soirées il rencontrera trois personnages qui vont faciliter son intégration dans le milieu algérois (un milieu plutôt hermétique et difficile d’accès aux étrangers) ; ces personnages vont également l’appuyer durant toute sa carrière professionnelle et avec qui il va nouer une relation d’amitié sans égale !
       
- Il s’agit d’un certain Elie KANOUNE, chantre juif et élève de Maalem Abraham Mortjane. Kanoune participe activement avec la communauté juive d’Alger dans l’organisation des différentes soirées privées pour son ami. Il lui procure des locaux pour ses répétitions. Et, étant son voisin, il l’assiste dans toutes ses démarches jusqu’à sa mort (son nom est mentionné sur l’acte de décès de Mouzino).
       

Le Maalem Mortjane

- Âziz LAK’HAL de Belcourt (un commerçant fortuné, véritable mélomane de musique) qui lui organise des soirées privées chez lui et allant jusqu’à lui acheter une voiture pour faciliter ses déplacements.
       
- H’mida Elkateb Qadi et membre du Conseil des Ôulamas musulmans, né en 1905 à Alger. Diplômé de la fameuse Medersa d’Alger (école prestigieuse d’enseignement religieux qui a connu plusieurs Chouyoukh et Mafatis dont Benoubia, Boukandoura, Benkebtane et Mohamed Benchaouech « le père de Mamed Benchaouech professeur au Conservatoire d’Alger »).
       

La photo est prise le 8 juillet 1926 à l'occasion du mariage de Sid Ali Guelati qui l'a offerte à Abdelâzize Lekhal transmise au père de Mamad Benchaoueche plus tard. On dit que Mouzino a animé ce mariage.

       

Debout de gauche à droite : Mahieddine Bachtarzi , Hamid Meguechate "Guesel" , Mohamed Mensali, Mohamed Mouhoub , Hamoud Hafiz; Benredouane Hamdane; Âzize Lekhal.

Assis de gauche à droite : Yahia Belkadi, Ahmed Guellati, Sid Ali Guellati, Abdelatif, Mohamed Zmirli.

(Légende d'après l'ouvrage de Nadya Bouzar Kasbadji)

       
H’mida Elkateb avait un goût raffiné pour la musique. Véritable amateur et mélomane de la çanaa il ne quittera jamais son ami Mouzino mort en 1928. H’mida était secrétaire général de l’association El-Moussilia dont Mouzino fut le professeur principal (l’idée de création d'El Mossilia née en 1932 remonterait à 1927. Elle fusionnera avec Eldjazaïria créée en 1930)
Mouzino animera toutes les soirées organisées par H’mida Elkateb. Il léguera un bon nombre de pièces rares en faisant profiter les membres de son orchestre (grâce à lui quelques morceaux de la nouba Reml et la Nouba Hsin ont été sauvés : le Btayhi Kaouani Elbiâd et l’Insiraf Elôudo Qad Taranem transmis à Charles Sonégo ; le Btayhi Raqat lana elkhamro transmis à H’mida Elkateb qui l’intégra dans le répertoire religieux chanté pendant le Mawlid dans « la Qacida de Ya ghorat_al Youmni » et d’autres pièces…).
       
En artiste virtuose, il maîtrisa pratiquement tous les instruments. Il excella dans le violon comme dans la Kouitra, mais son instrument de prédilection pour l’exécution de la Nouba reste le R’bab (Feu Sid Ali Benmerabet, ancien professeur à Eldjazaïria-Elmoussilia qui était un véritable mélomane et collectionneur  et qui possédait de nombreux objets ayant appartenus à de célèbres musiciens algérois, disposait du R’bab de Mouzino ainsi que de son violon).
       
Mouzino enregistra une centaine de disques dans tous les genres (Nouba, Neqlabates, Âroubi, Hawzi, Qadriate et Zendani). Ces enregistrements sont aujourd’hui (comme hier – années 1940 -) d’un grand apport à l’étude de la musique. En effet, il nous donne une idée très claire sur l’évolution qu’a connu la çanaa à travers le temps.
       
Il décède à Alger, le 2 février 1928 à 8h du matin.
       

Page préparée par Waïl Labassi.

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