Sid Ahmed SERRI. |
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Le professeur Sid Ahmed Serri est né le 03 novembre 1926 à la Casbah d'Alger. Il sera plongé dès son enfance dans l'ambiance de la musique traditionnelle mais aussi dans celle du spectacle par le biais de son grand-père paternel qui était "Moqaddem" (guide) de la confrérie mystique des "Aissaouas". L'influence de cette confrérie fondée à la fin du 15ème siècle à Meknés (Royaume du Maroc) par Sidi Mohammed Ben Aissa s'étend sur toute l'Afrique du nord. |
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A l'école coranique où il a la chance d'avoir comme maître le Cheikh El Bachir El Bouziri, il va s'initier, en plus de l'apprentissage du Coran), au chant religieux et aux "Qacidates" (poèmes panégyriques). |
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Très tôt, à l'occasion des fêtes du "Mawlid" (anniversaire de la naissance du Prophète de l'Islam), il se rend, accompagné du cheikh Mehmed Bennoubia, dans les mosquées et les mausolées d'Alger (Sidi AbderRahmane Eth Thaalibi dans la Casbah et Sidi M'hamed dans le célèbre quartier de Belcourt) où l'on célébrait l'événement presque un mois durant. |
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Voisin de la famille Serri, muezzin à la mosquée de la pêcherie - Djamaa Edjedid - et "Kahia" (suppléant) au mausolée de Sidi AberRahmane, le Cheikh Mehmed Bennoubia jouera un rôle important dans l'initiation du jeune Sid Ahmed Serri. |
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C'est dans cette continuité et grâce à Mehmed Benoubia, à Sid Ali Baba Ameur et à Bakir Messekdji (avec lequel il tentera de renouer avec la tradition musicale du mausolée dans les années 1980 et 1990) que Sid Ahmed Serri est initié à "l'Adhan" (l'appel de la prière) et au "Taqyim Al Çalat" (un protocole lié à la prière) selon le rite Hanéfite. Les Hanéfites se rattachent au rite de l'Imam Abu Hanifa (début du 8ème siècle). Expression de la présence Ottomane à Alger, ils restent minoritaires à Alger où les Malikites, adeptes du rite introduit par l'Imam Malik Ibn Anas à la fin du 8ème siècle, sont majoritaires. Notons que chez les Hanéfites la relation au chant est moins "tortueuse" que celle qu'entretiennent les Malikites. |
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Sid Ahmed Serri maîtrisera ces techniques dans les différents modes mélodiques de la Çan'a (les Tubu' ). Il sera lui-même amené à annoncer la prière puis à enregistrer une série de "Adhan" (appels à la prière). L'influence de Mahieddine Bachtarzi (Le ténor qui se révéla au public dans les années 1920 grâce à Edmond Nathan Yafil et à l'association El Moutribia.) y est d'ailleurs perceptible. Un des Adhan de Sid Ahmed Serri passe toujours sur la chaîne nationale algérienne - TV et Radio -. Durant le mois de Ramadhan il est diffusé pour annoncer la rupture du jeûne. |
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Avec cette solide initiation aux techniques vocales, il se dirigera vers le chant "profane" en adhérant successivement aux associations El Andaloussia (en juin 1945) puis El Hayat (en 1945/1946). |
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Après ces courts passages dans ces deux associations, il rejoint dès juillet 1946, sur le conseil de son ami Youcef Khodja (futur professeur de guitare classique au conservatoire), l'association phare des années trente: El Djazaïria. Il y est admis directement dans la classe supérieure dirigée par le Maître AbderRezaq Fakhardji et c'est avec ce dernier qu'il entreprendra et réalisera sa formation. |
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Parallèlement à son apprentissage avec le Maître AbderRezaq Fakhardji, il s'inscrit au début de l'année scolaire 1946/47 au conservatoire d'Alger; une structure qui s'ouvrait pour la première fois aux musulmans. Il est admis dans la classe du Maître juif Sassi; un virtuose de la mandoline très connu sur la place d'Alger. Le Maître Sassi se produisait régulièrement sur Radio Alger durant les années 1950; une émission lui était consacrée tous les lundis. |
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La deuxième classe du conservatoire était dirigée par le Maître Mohammed Fakhardji. |
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Au terme de cette année, il partagera le premier prix avec son collègue El Hadj Djaïdir Hamidou : Ils seront ainsi les deux premiers élèves musulmans à être primés en musique Çan'a au conservatoire. |
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Ce prix sera l'occasion pour Sid Ahmed Serri de donner un aperçu de son talent lors d'un concert de fin d'année (le 09 juin 1947) donné à l'occasion de la remise des prix. |
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En 1946, la radio se dote de cinq orchestres dont un de musique Çan'a qui regroupait les meilleurs musiciens et musiciennes de l'époque. |
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Placée sous la direction du Maître Mohammed Fakhardji jusqu'en 1956 puis sous celle de son frère AbderRezaq, cette formation sera une véritable école de Çan'a durant la période allant de 1946 à 1963. |
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El Boudali Safir, alors chef de service des E.L.A.K à Radio Alger (émissions de langues arabe et kabyle), remarque Sid Ahmed Serri et lui "offre" le 26 décembre 1948 sa première émission comme chanteur soliste accompagné par le grand orchestre Çan'a. Depuis, il passera régulièrement à la Radio et par la suite à la télévision. |
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C'est en partie grâce à ces émissions qu'il se fera connaître du public algérien et des mélomanes de pratiquement tout le Maghreb vu l'incroyable audience qu'avaient ces concerts radiodiffusés. |
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Avec le nombre croissant des passages à la Radio et au fil des répétitions sous la direction du Maître Mohammed Fakhardji, le professeur Sid Ahmed Serri va réussir, non sans anicroches, à imposer son style personnel. |
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Comme l'écrira Mahieddine "Kamel" Malti (grand amateur de musique, auteur de plusieurs articles, conférencier, …): " Il bousculera des traditions séculaires d'un chant grave, presque assourdi, il ajoutera l'éclat et la chaleur de la jeunesse aux inflexions trop discrètes de ses aînés." |
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Préparation d'une émission de télévision (03 juillet 1955). |
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De gauche à droite : Debbah Ali alias Allilou (le célèbre joueur de derbouka), Fadhila Dziriya (qui marqua la pratique du chant féminin dans les années 1950 et 1960) et le professeur Sid Ahmed Serri. Cette émission fut la première émission de variétés de la télévision algérienne. De nombreux musiciens y ont participé: AbderRezaq Fakhardji; Sahel Ali alias Sidah, le flûtiste de la station; les acteurs Sissani, Aggoug Aïssa et Taha El Amiri, etc. Mustapha Badie (grand réalisateur algérien ) faisait ses débuts comme assistant à la réalisation. Une anecdote à propos de cette première émission: "Boudjemaa Fergane, le cithariste et doyen des musiciens algérois, qui avait fait la prise de son la veille s'est absenté le jour du tournage. Ce fut El Hadj Djaïdir Hamidou (percussionniste) qui le remplacera à la cithare pour la prise de vue. Le réalisateur (M. Ramette) s'est contenté de faire un plan coupé où l'on ne voyait que les mains de Hadj Djaïdir Hamidou ! Le tournage a été réalisé dans les studios des eucalyptus à la périphérie d'Alger. |
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Tout comme certains de ses prédécesseurs le professeur Sid Ahmed Serri n'a jamais été un "professionnel"; c'est-à-dire quelqu'un qui vit exclusivement de la musique. Ce désintéressement de la chose matérielle lui a permis sans aucun doute d'enrichir ses connaissances musicales et de se forger auprès de plusieurs Maîtres et détenteurs du patrimoine un répertoire impressionnant ! |
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Il réunira tout de même sa propre formation laquelle se produira sur la place d'Alger, de Tlemcen et de Mostaghanem, essentiellement lors des fêtes familiales, durant les années 1950 et jusqu'au début des années 1970. |
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Il y avait pour l'accompagner à la percussion El Hadj Djaïdir Hamidou (derbouka) et Mamad Benchaouche (au târ remplacé par la suite par Belkacem Si Saber). Les musiciens qui l'ont le plus côtoyé : Mohammed Mazouni, Mustapha Kasdali (et plus tard Zerrouk Mokdad au violon), Zemirli AbderRahmane (banjo), Zoubir Kakachi, Mehamssadji (à la mandoline), Mohammed Khodja (au banjo), Mohammed Bahar, AbdelGnani Belkaid. D'autres musiciens confirmés ont joué avec lui dans cette formation lors de certaines manifestations. |
Représentation privée au cours de l'année 1950. (Accompagné par des éléments de l'Orchestre de la Station.) |
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De Gauche à Droite au premier rang : El Hadj AbdelKrim Dali ; Mohammed Fakhardji ; Sid Ahmed Serri ; AbderRezaq Fakhardji ; Boudjemaa Fergane ; Debbah Ali Alias Allilou. Au deuxième rang et au fond de Gauche à Droite : Mohammed Bahar ; Omar Zemouri alias Hibbi; le flûtiste Zadmia Mohammed alias "Gamba"; AberRahmane Belhocine ; Safar Bati alias Mahboubati et Mustapha Kechkoul. Soirée donnée au cercle Franco-Musulman où de nombreux musiciens ont donné des représentations avec l'orchestre de la station; comme Dali, Reinette Daoud dite l'Oranaise, Sami El Maghribi, etc. Un opérateur radio transmettait le concert, via le téléphone, aux studios de la radio (rue Berthézène à Alger). Les concerts étaient enregistrés directement sur disques avant d'être retransmis "en différé" sur les ondes. |
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Le 15 octobre 1951, les deux plus grandes associations de musique fusionnent pour former une nouvelle société: El Djazaïria-El Mossilia. |
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Une année après (1952), le principal professeur, AbderRezaq Fakhardji, est nommé au conservatoire d'Alger. |
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L'élève Sid Ahmed Serri sera alors désigné et "promu" au rang de professeur pour assurer la classe aux éléments restés fidèles à cette association. |
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Il conservera ce poste jusque en 1956 (date de cessation des activités de l'association qui correspond à la période de la guerre de libération nationale 1954/1962). A l'indépendance, il active toujours au sein de cette association dès la reprise de ses activités. Ce n'est qu'à l'occasion de la préparation du troisième festival de musique de 1972 qu'il "reprendra" son poste de professeur principal de l'association. Il succédera ainsi au professeur El Hadj Djaïdir Hamidou et gardera ce "poste" jusqu'à son départ en 1988. |
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A l'indépendance de l'Algérie (1962), l'association El Djazaïria-El Mossilia est présidée par Rachid Kasdali qui en est à la tête depuis 1949. En 1964, une nouvelle équipe s'installe avec un nouveau président en la personne de Sid Ali Ben Merabet. Cette équipe s'attache à mener à bien la relance de l'activité musicale de l'association. |
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La formation des élèves sera confiée à des musiciens confirmés, des anciens élèves de l'association. |
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Le Maître El Hadj Djaïdir Hamidou - secondé par Mustapha Kasdali (célèbre violoniste sur la place d'Alger) - sera alors choisi pour diriger la jeune classe qui représentera l'association lors des premiers festivals de musique. |
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Toutefois, après le départ de El Hadj Djaïdir Hamidou à quelques mois du troisième festival de musique de 1972, c'est le professeur Sid Ahmed Serri qui prendra en main la classe supérieure. Une classe qui obtiendra avec brio le premier prix de cette troisième et dernière édition du festival… |
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Deux ans après ce festival, il ne subsistera que cinq ou six jeunes hommes de cette formation. Elle sera, pratiquement, complètement renouvelée. Les jeunes filles ayant pratiquement toutes arrêter de faire de la musique au sein de l'association seront remplacées par des nouvelles élèves issues des classes préparatoires. Deux éléments parmi les jeunes hommes iront par la suite diriger de nouvelles associations, "El Gharnatia" pour Brahim Belladjerab à Koléa dans la banlieue ouest d'Alger et l'association "Founoun Zyriab" pour Mohammed Selmi dans le quartier de Hussein-Dey à Alger. |
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Ce sera donc avec de nouveaux éléments (encadrés par des "rescapés" de l'ancienne classe) que le professeur Sid Ahmed Serri va entreprendre de mettre sur pied ce qui deviendra le plus grand orchestre Çan'a de la deuxième moitié du vingtième siècle... Un orchestre parmi les plus solides et les plus homogènes qu'a connus cette musique. |
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Durant les années 1970/1980, cette association va pour ainsi dire éclipser toutes les autres y compris le conservatoire d'Alger où de grandes figures de la musique traditionnelle enseignaient. Elle arrivera même à imposer un nouveau style d'interprétation, une nouvelle tendance dans l'orchestration qui s'appuie sur une solide ligne de violons -alto, Rebeb et violoncelle compris- (soit près de 50% de l'orchestre). |
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La Classe Supérieure de l'Association El Djazaïria-El Mossilia (1986) sous la direction du professeur Sid Ahmed Serri. |
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Premier Rang de Droite à Gauche : Caché au violoncelle Youcef Oueznadji; Habib Guerroumi; Naceredine Ben Merabet; Rachid Toumi ; Farid Bensarsa; Sid Ali Ben Merabet (le président de l'association); Rachida Larinouna; Fazilet Diff; Sabeha Ben Merabet; Z'hor Bouksani. Deuxième rang de Droite à Gauche : Abdessemed Ismaïl; Kherfellah Hamid; Mohammed Bendiba; Soâd Slimane-Khelifa épouse Bensarsa; Abla Rahal; Nashida Hellal; Hafidha Deramchi; Nadia Bouzid. Troisième Rang au fond et de Droite à Gauche : Saïdi Arezki; Ikarbouchen Halim; Brahimi Mohammed El Mansour ; Youcef Boudouane; Addad Samir; Mahmoud Hadj Ali. |
Il y avait aussi dans cette classe : Les frères et sœur Zerhouni (Saad; Toufik et Touria); Rahal Nasser; Kasbadji Karim; Chikhi Abdelkrim; Ben Merabet Faïza; Bouksani Nachida et Bouzourène Samia. Trois élèves de l'ancienne classe venaient à l'occasion renforcer l'ossature de l'orchestre lors de certaines manifestations : Barloy Mohammed; Zerrouk Mokdad et Bastandji Kheireddine. |
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Les dix premières années du professeur Sid Ahmed Serri au sein de l'association (jusqu'en 1984) seront marquées par un enthousiasme presque sans bornes (enrichissement du répertoire, public toujours gratifié de morceaux rares ou très peu connus lors des représentations…) |
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L'inauguration d'un nouveau local sis dans l'enceinte de l'ancien Casino d'Alger (qui abrite toujours l'association), l'effectif qui avoisinait les 300 élèves, les nombreux sympathisants… autant de facteurs qui ont contribué au succès et à la renommée de l'association. |
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Des divergences d'opinions avec les responsables de l'association (qui étaient sans incidences sur l'ambiance au sein de la classe) amèneront le professeur Sid Ahmed Serri à annoncer son départ en 1988. |
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Cet épisode nous ramène au rôle, à l'histoire et à la gestion des associations musicales. Il soulève comme nous pouvons l'imaginer de nombreux problèmes relatifs à la pratique de cette musique: statut des musiciens et des professeurs; problématique de la transmission du répertoire, etc. Ces questions de fonds seront détaillées dans une de nos pages intitulée : "Histoire des associations musicales." |
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Durant son passage à l'association El Djazaïria-El Mossilia, le professeur Sid Amed Serri transmettra un répertoire impressionnant à ses élèves. Tous lui reconnaissent le mérite d'avoir réussi ce "défi" et le monde de la musique traditionnelle est unanime sur ce point. |
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Il faut rappeler que dans toute l'histoire de la Çan'a il n'y a que deux professeurs qui ont pu "tenir" plus de dix ans à la tête d'un même ensemble, tout en assurant une formation continue: Le professeur Sid Ahmed Serri (avec ses quinze ans effectifs à la tête d'une classe supérieure d'association et plus de vingt ans dans la formation des musiciens) et le Maître Mohammed Fakhardji (avec ses dix ans au sein de l'orchestre de la station Radio Alger)… |
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Après son départ de l'association El Djazaïria-El Mossilia, il fonde en 1988 une association au nom très éloquent de El Djazaïria-Eth Thaalibia. Certains de ses élèves le suivront pour la réussite de cette nouvelle entreprise… |
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Après quelques concerts en public et des sorties à l'étranger pour représenter la musique algérienne, l'association cesse définitivement ses activités en 1992. |
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Dès 1963, il entreprend auprès de différents responsables, des démarches de sensibilisation pour la réhabilitation et la sauvegarde du patrimoine musical menacé par la disparition des maîtres détenteurs de la tradition. Cette action toujours réitérée depuis presque quarante ans a fait de lui, auprès de l'opinion publique, un des plus fervents défenseurs de la musique traditionnelle. Lui-même a revendiqué, lors d'interviews, ce rôle de défenseur de la musique quand il déclare :" Bien malgré moi je me trouve contraint à prendre la défense de cette musique qui me tient à cœur non parce que je l'aime mais parce qu'elle est menacée." |
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Mais il reconnaît que la réhabilitation du patrimoine est une affaire d'engagement collectif, une responsabilité du politique... A l'impossible nul n'est tenu. |
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Au lendemain de l'indépendance, il reprend ses concerts à l'occasion des semaines culturelles, des festivals, des soirées privées. Dans le cadre de la relance de l'activité musicale dans l'algérois et de la restructuration de l'association El Djazaïria - El Mossilia, il va instaurer et restaurer une tradition en organisant des soirées quasi quotidiennement dans les locaux de l'association durant le mois de Ramadhan. Une tradition qui a tenu jusqu'à son départ en 1988 et qui a donné l'occasion à certains de ses élèves de se produire en public et en solo. |
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Par ailleurs (de 1960 à 1964), il active dans un orchestre qui regroupait des musiciens et d'anciens élèves du conservatoire: la société des concerts du conservatoire. |
En 1968, il est appelé au ministère de l'information. Il tente alors diverses actions, notamment, celle de reconstituer au sein de la Radio Nationale un orchestre de musique Çan'a placé sous la direction du Maître AbderRezaq Fakhardji. Mais après une série de concerts, l'ensemble, qui passait en direct sur les ondes les dimanches après-midi, n'a pu poursuivre ses activités. Par la suite, l'idée même d'un orchestre Çan'a au sein de la Radio Nationale fut - définitivement - abandonnée… On ne saura jamais les motivations de cette désastreuse décision. |
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Le début des années 1980 sera une époque riche en manifestations : Les hommages rendus à des personnalités de la musique lors de concerts donnés dans les grandes salles d'Alger ; les concerts en plein air sur les grandes places de la capitale (La période du Ramadhan coïncidait alors avec la saison estivale). Ce mouvement aboutira à la restauration, sur une suggestion du professeur Sid Ahmed Serri au comité des fêtes de la ville, d'un nouveau festival : "Le Printemps Musical d'Alger". Ce festival, toujours en place, connaîtra plusieurs éditions et, à ses débuts, un large succès auprès du public. |
Dans le même ordre d'idées, il fonde en 1988 " L'Ensemble d'Alger " une formation censée regrouper les anciens pratiquants de cette musique ainsi que des jeunes issus des conservatoires et des associations (choisis parmi les plus doués). Mais cette opération n'eut pas de suite: absence de financement ( dévolu à la ville d'Alger), difficultés à réunir les musiciens - issus d'horizons divers - autour d'une même version du répertoire… De plus, les présidents d'associations, dans la crainte de voir déserter leurs différentes classes, ne joueront pas le jeu. |
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A ce niveau on se posera toujours la question de savoir si un grand orchestre de la Çan'a est toujours opportun. Les grands ensembles en musique arabe ont tous montré leurs limites (Tunisie, Egypte,…) et tout le monde est d'accord pour le retour à des petites formations plus aptes à faire ressortir les particularismes de cette musique. |
En juin 1989, des Maîtres de musique, des responsables d'associations musicales représentant les trois grands répertoires classiques (Malouf de Constantine, Gharnati de Tlemcen et Çan'a d'Alger), ainsi que des personnalités attachés à l'avenir de cette musique, ont décidé de créer l'Association Nationale de Sauvegarde et de Promotion de la Musique Classique Algérienne dont la présidence sera confiée au professeur Sid Ahmed Serri. |
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Hélas! cette association n'a jamais pu s'atteler à réaliser son programme et ses dirigeants ont épuisé toutes leurs forces à trouver des solutions aux embûches bureaucratiques et à "gérer" la mauvaise volonté de certains hauts responsables très peu réceptifs aux enjeux culturels. Les problèmes étaient-ils mal posés ? Les exigences étaient-elles trop grandes ? Le professeur Sid Ahmed Serri finira par renoncer à ses fonctions à la fin de l'année 1997. |
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Dans les années 1970 et 1980, il enseignera au conservatoire d'Alger, à l'institut national de musique ( un institut qui avait pour mission de recenser et de compiler toutes les musiques traditionnelles d'Algérie mais qui n'a jamais mené à terme ce projet) ainsi qu'à l'école normale supérieure (une structure qui dépend de l'enseignement supérieur). |
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Ces structures académiques se sont révélées inadaptées pour la promotion des musiques traditionnelles. Elles n'ont toujours pas réussi à définir le cadre adéquat pour exploiter les ressources que pouvaient leur offrir les Maîtres de la tradition orale. Et après presque quarante ans d'existence, le nombre des publications sur la musique reste dérisoire par opposition à la richesse du patrimoine algérien. |
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Pour toute son action dans le domaine de la musique traditionnelle et en reconnaissance, il sera le premier artiste lyrique à recevoir les insignes de l'Ordre du Mérite National en avril 1992. |
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Outre ses différents passages à la radio et à la télévision, ses représentations publiques et privées (qui ont certainement été enregistrées pour alimenter les archives privées de certains collectionneurs), le professeur Sid Ahmed Serri a enregistré des œuvres qui ont été mises à la disposition du grand public: |
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- Deux disques de 78 tours chez "Pacific" en 1955; - Quatre disques de 45 tours chez " Teppaz " en 1959. (Qui n'ont pas encore été transférés sur les nouveaux supports) |
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- Un premier disque compact CD sorti en mars 1997 (Nouba Mezdj Maya / Rasd_Ed_Dhil). Un aperçu de ce CD est peut-être encore disponible sur le site: http://www.geocities.com/algerianmusic/serri.htm |
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- Un second CD (Nouba Raml_Al_Maya, non distribué en Algérie). |
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- Une série de cinq disques compacts CD portant sur le répertoire apparenté du 'Aroubi, disponibles tout récemment en 2000/2001. |
Par ailleurs, et dans le cadre de la sauvegarde du patrimoine, il vient de réaliser, après deux années de travail, l'enregistrement intégral de tout son répertoire des Noubâtes (quelques 45 CD). Une œuvre monumentale qui n'est pas encore disponible sur le marché… |
En mars 1997, il signe un recueil de poèmes des Noubates de la musique Çan'a qui a l'avantage de présenter des textes vocalisés (une première dans l'édition de cette musique) pour orienter le chanteur vers une diction correcte (Car on trouve dans la Çan'a des poèmes écrits en langue arabe classique mais aussi des poèmes écrits dans une langue proche de l'arabe vernaculaire.) "Chants Andalous. Recueil des poèmes des Noubâtes de la Musique Sanaa." Recueillis par Sid Ahmed Serri . Editions IBDA. Alger 1997 |
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D'autres enregistrements (qui portent sur le répertoire apparenté à la Nouba Çan'a) sont en cours de réalisation. |
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Le professeur Sid Ahmed Serri est aussi l'auteur de plusieurs articles dans les revues et les quotidiens nationaux. Des articles d'une grande valeur documentaire qui portent sur l'histoire contemporaine de la Çan'a (les maîtres, les associations, des réflexions sur l'avenir de la musique,…, des coups de cœur mais aussi des coups de gueule.) |
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N'ayant jamais fait dans le compromis, il a toujours su exposer les véritables problèmes relatifs à cette musique et au statut des musiciens. |
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Il est le premier à avoir dénoncé ouvertement le statut de "musique digestive" auquel certains responsables ont réduit la Çan'a (invitation des orchestres lors de dîners officiels, programmation de la musique - sur les ondes - à des heures impossibles… De même qu'il a dénoncé l'absence de prise en charge des droits des interprètes du patrimoine… |
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Ces prises de positions musclées qui l'ont souvent amené à appliquer la politique de la chaise vide ont permis à certains autres interprètes de s'imposer (peut-être) un peu trop facilement. |
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Professeur hors pair, de nombreux musiciens auront bénéficié directement ou indirectement de ses enseignements : ses élèves dont certains se "lanceront" dans le domaine en réalisant des enregistrements commerciaux (Zerrouk Mokdad, Habib Guerroumi, Nacereddine Ben Merabet, Zakia Kara-Turki) ; ses nombreux auditeurs parmi les amateurs … voire parmi les maîtres en voie de confirmation; les élèves des autres associations qui l'ont si souvent invité ; etc. |
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Ne s'étant pas contenté de transmettre "passivement" le répertoire des anciens Maîtres, d'être un gardien de cette "authenticité" si fragile et si souvent mise à l'épreuve, le professeur Sid Ahmed Serri a procédé à certains "petits arrangements" sur des morceaux qui comportaient (à l'appréciation des connaisseurs) quelques problèmes rythmiques ou mélodiques. Cette contribution personnelle est inévitable en tradition orale; elle fait désormais partie du répertoire. Ainsi va la musique Çan'a: "Ni tout à fait la même; Ni tout à fait une autre…" (*) (*). Paul Verlaine. |
Des photos de Mehmed Bennoubia, de Sid Ali Lakehal, des autres maîtres cités dans cette page, de la classe du conservatoire, de l'orchestre de la station, de la société des concerts sont disponibles sur d'autres pages de notre Album Çan'a. |
Page inspirée d'un abrégé rédigé par le Professeur Sid Ahmed Serri. Le commentaire est du Groupe Yafil. |
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