Mise à jour : 21 Février 2018

                             

 Mohammed Ben Ali SFINDJA (1844 - 1908).

 
 

 

Né à Alger en 1844 (Un des membres de sa famille prétend qu'il serait né en 1848, sans détenir de preuves solides, si ce n'est son âge présumé à la date de son décès), il fut l'élève du plus grand Maître de la fin du dix-neuvième siècle sur la place d'Alger; Le M'alem Abderrahmane Menemeche.

Initié à l'art de Çan'a, il excella dans la Nouba et dans tous les genres apparentés à celle-ci : 'Aroubi, Qadria, Zendani, Haouzi, etc.

Joueur de kwitra, comme il se devait pour les M'alem de l'époque (chef de formation), il formera à son tour plusieurs musiciens qui feront ou pas partie de son orchestre et qui deviendront des monuments de cette musique..

 

 
Parmi ses disciples juifs et musulmans, l'Histoire retiendra les M'alem Saül Durand alias Mouzino, Edmond Yafil, M'alem Makhlouf Bouchara, Laho Seror, Ledjam, Chaloum, Abderrahmane Saïdi, Mohammed Ben Teffahi, Le Mufti Boukandoura, etc.
 
  • LA CONTRIBUTION A LA SAUVEGARDE.

1. Le M'alem Sfindja (avec Yafil et Seror) aura permis au musicologue Jules Rouanet de réaliser son travail sur la musique du Maghreb, un ouvrage qui reste toujours la référence en la matière, qui confirme et complète les travaux de ses prédécesseurs ( Salvador-Daniel, Show, Christianowitch…).

2. Il aidera Yafil à rassembler l'ensemble des textes des mélodies du corpus de la Çan'a dans un livre édité en 1904, l'une des sources les plus sûres en ce qui concerne les poésies chantées.
3. Poussé par Edmond Nathan Yafil, le M'alem Sfindja a été parmi les tous premiers musiciens arabes à avoir enregistré des disques (1901). Il nous laisse un nombre appréciable d'enregistrements qui regroupent tous les genres de la Çan'a.

( Notons que si les contraintes techniques de l'époque - pas plus de trois minutes pour la face d'un disque - ont forcé le M'alem à supprimer certaines répliques instrumentales, ce dernier a, à plusieurs reprises, enregistré l'intégralité des poèmes !!)

Actuellement les musiciens se limitent à ne chanter qu'un seul couplet des poésies.

 
A ce niveau, il faudra s'arrêter un moment et se poser la question de savoir qui d'autre parmi les grands musiciens de la Çan'a peut s'enorgueillir d'avoir participé à une étude d'une telle envergure, d'avoir su utiliser les premières découvertes de la technologie du son au service de l'art traditionnel, d'avoir formé autant de grands musiciens ?
Sfindja qui paraît-il se montrait parcimonieux, qui se faisait payer en pièces d'or pour dévoiler certaines mélodies, à qui on prêterait cette phrase assassine "Cette musique est à nous et elle disparaîtra avec nous..." , prouve par son parcours et son art inégalables qu'il était en fait un des Maîtres les plus modernes de la Çan'a... Les autres anecdotes sur sa vie n'ont que peu d'importance pour la Musique.
 
 Il nous lègue un précieux repère historique de la Voix de l'Algérie. Des documents sonores peu connus du public qui nous aident à nous faire une idée sur ce qu'était la pratique musicale à la fin du dix-neuvième siècle et qui nous renseignent sur l'évolution de cet art depuis un siècle.

Ces archives de Sfindja dérangeront toujours car elles prouvent que la Çan'a est un art en évolution permanente. Elles nous mettent en garde contre ceux qui s'improvisent en défenseurs de l'authenticité et de la tradition et qui, interpellés sur la valeur esthétique de leur art, n'hésitent pas à perpétuer l'amalgame en insinuant que le M'alem Sfindja était mourant quand il a entrepris d'enregistrer et qu'il ne faut pas, par conséquent, se fier à ses enregistrements ?!

 
Ce cordonnier de métier, décède le 06 juin 1908 à Alger. Il restera le vieux LION de la musique Çan'a.
Le Groupe Yafil Association lui rendra bientôt hommage en éditant sur le Net ses enregistrements car, et nous le disons sans aucune nostalgie, une heure avec Sfindja vaut tous les enregistrements "modernes" : Cela ne diminue en rien le talent des maîtres et interprètes actuels…
 
 
 
  Retour au Sommaire. Retour à l'Album.
 
Contact : groupe_yafil@hotmail.com

© Le Groupe YAFIL Association 2000 / 2018.