Driss "le flûtiste" (1878 - 1953)

Proposée par Wail Labassi

                             
Originaire du sud algérien, il nait à Alger en 1878.
Son éveil musical commence dès son jeune âge à travers la fréquentation du quartier des marins où les "Troubadours" de la zornadjia se produisaient devant un public restreint. A force de les observer, il intègre vite le groupe d’un certain KHELIFI (le célèbre Zornadji à qui on faisait appel pour animer des fêtes privées ou religieuses).
Après une bonne initiation aux différents rythmes du Tbel (percussion) et aux bases de la Zorna, il rejoint le grand flûtiste CHENOI pour confirmer son apprentissage à la flûte. Au cours de ses représentations dans les cafés maures il croisait les musiciens de la çanâ qui contribueront à sa connaissance des différents airs du répertoire classique.  
Un soir au café de la place Mahon, Edmond Yafil le "chopa" pour l’intégrer dans son orchestre (avant la création de la Motribia). Avec lui il va renforcer ses compétences pour se produire dans les mariages, les fêtes mauresques et les soirées officielles.
Il aida à la création de la Motribia en 1910, il était parmi les rares musulmans qui ont participé dans les spectacles donnés en Algérie et à l’étranger tout au long de la carrière de cette société (jusqu’aux années vingt, ils n’étaient que cinq membres musulmans).
Il accompagna plusieurs interprètes algériens, marocain, tunisiens… (Habiba Msika, Eliahû Bensaïd, Thunaya…etc.) . Il excella dans tous les genres musicaux, aussi bien dans tout le répertoire classique que dans la chanson algérienne, égyptienne et même dans certains les airs des opéras français.
Il participa sans à tous les enregistrements de Yafil. On peut facilement le distinguer parmi le reste de l’orchestre (voir les petits plus ou partitions).
Par la suite, au départ de Yafil, il dirigea l’orchestre de la Motribia côte à côte avec Bachtarzi qui s’appuya beaucoup sur lui. En effet, il était le pilier de tout l’orchestre et on comptait beaucoup sur sa présence dans les concerts données aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.
               
En décembre 1927, il dirigea l’orchestre marocain pour Bachtarzi au palais des arts (Majestic-Cinéma) à Casablanca (Maroc). C’était la soirée où il a ébloui toute l'assistance marocaine. Le lendemain du spectacle, un journaliste français a écrit : « Le spectacle est d’un pittoresque à créer le cadre d’une nouvelle nuit, pas celle de Morand, mais de Mahieddine et son endiablé flûtiste Driss (…) il y a l’odeur, l’atmosphère et ce diable de nègre dont la flûte vole éperdument… ».
               
Virtuose, sa réputation a dépassée toutes les frontières. Mais fidèle à sa troupe et à ses amis il resta avec eux pour les accompagner jusqu’à sa mort en 1953.

Cheikh Nourredine Bouraada, né en 1913, décédé fin 2005, doyen des élèves des associations d'Alger (Gharnata, El Djazaïria) se souvenait encore des représentations publiques de Driss sur l'actuelle place des Martyrs et de ces airs de flûte qui "grimpaient" vers la Casbah d'Alger.

               

Extrait sonore

Voici un extrait d’Istikhbar Reml-Maya (deuxième Ghsen) signé Driss. (Voir aussi la page "Archives sonores" au niveau de Bachtarzi.

driss_extrait

               

L'orchestre de la Motribia

Sur les terrasses de la mairie du Xème arrondissement à Paris, mi-août 1927.

 
De gauche à droite assis par terre : Marie Soussan, Chebiha, Laho Serror, Driss (avec sa flûte), E.N Yafil (violon), Meriem, et juste derière Yafil et Driss on voit le violoniste virtuose Ladjimi.
Plus haut derrière Ladjimi à gauche : Rachid Ksentini, Hamel (à la mandoline), Jules Rouanet au centre debout derrière Ladjimi à droite.  
Au fond au coin gauche de la photo, le Maire du Xème arrondissement de Paris M. CHAUVET. (avec une casquette blanche typiquement les années 20).
 

Commentaires.

Sources : les mémoires de Bachtarzi, articles de presse, témoignages des anciens.
 
 
  Retour au Sommaire. Retour à l'Album.
 
Contact : groupe_yafil@hotmail.com

© Le Groupe YAFIL Association 2005 / 2006.