Revu le 29 Novembre 2010

 

Dakhli M'sam3i

" Rana Djinak "

 

Présentation

 
1. "Rana Djinak" est une des pièces les plus connues du répertoire populaire. Ce chant se retrouve dans toute la "sphère" musicale de l'ancienne médina d'Alger, aussi bien dans le registre du sacré que dans celui du profane. Mais laissons Jules Rouanet nous le présenter. (La Musique arabe dans le Maghreb Encyclopédie de la musique et dictionnaire du conservatoire. Lavignac Tome V pages 2823-2824)
- "Les musulmans vont souvent en pèlerinage aux tombeaux des saints ou des célébrités locales réputées pour leur sainteté et dont l'intervention peut donner satisfactions aux voeux des fidèles, soit qu'ils demandent la pluie en période de sécheresse, soit qu'ils sollicitent des grâces particulières. A Alger, les pèlerinages purement religieux, qui portent le nom de Ziara, (la visite), ou de Rakb (pl. rekab), (la réunion), commencent généralement vers la fin de l'été pour finir vers le milieu de l'automne. Ils ont lieu à la suite d'une entente entre l'Oukil des rekab, le chef des pèlerins, et l'Oukil ou gardien du tombeau où doivent se rendre les pélerins. Le jour venu, on se réunit à la maison de l'Oukil, et les musiciens spéciaux envoyés à cet effet, Ghaïta (sorte de puissant hautbois), Tebeul et Nogharat (percussions peaux et timbales), entonnent le Rana Djinak, suivi d'autres refrains populaires. La mélodie Rana Djinak joue un rôle important dans le Maghreb. Nous la retrouverons à l'ouverture de toutes les fêtes où elle est devenue obligatoire en vertu d'une tradition générale et très lointaine. C'est peut-être l'air le plus connu du Maghreb; il se joue dans les fêtes religieuses comme dans les fêtes profanes. "
 
Dans certaines régions où les confréries religieuses restent encore influentes (Koléa, Cherchell, Ténès, Mostaganem pour les régions que nous connaissons mais cela doit se faire ailleurs) la visite au mausolée du Saint patron de la région (ou de la ville) est une étape presque obligée dans les cérémonies de mariage. Cela se fait de moins en moins, mais il y a un retour à la tradition...
 

Voici la transcription qu'en donne Rouanet.

Pour avoir une idée de cette transcription ouvrir le fichier Midi correspondant . Rana-Djinak-Midi
 

Remarque

 
- Cette transcription de Rouanet est très bonne (même si elle ne restitue pas le rythme M'sam3i de la pièce, du moins le rythme tel qu'on le perçoit dans la pratique actuelle ou alors sur les anciens enregistrements. Mais comme presque toutes les syllabes de ce chant sont soutenues on arrive tout de même à reconnaitre la mélodie d'un air familier à qui il manquerait juste "un petit quelque chose"... mais vraiment juste un petit quelque chose!
- Rouanet aura donc capté l'essentiel, à savoir une sorte de caractère "quasi-ternaire" du rythme M'samii. Ainsi le 2/4 (ou le 6/8) aurait cette possibilité de "schématiser" les temps "importants" du M'sam3i. Reste à savoir quels accents du M'samii ont guidé le choix de Rouanet pour le 2/4 et surtout quelle version lui a servi de base ? Etait-elle vraiment sur le rythme M'samii ?
 

Important...

Rouanet note ce chant en (5+4) + (5+4) = 18 mesures (à 2/4). Ce nombre impair de mesures (9 mesures par double hémistiche ) est plutôt inhabituel pour l'équilibrage de cette pièce, de cette marche (pélerinage = procession = marche). On s'attendait au mieux à un nombre pair de mesures (par double hémistiche) et à un équilibre "parfait" entre les hémistiches de ce chant.
Question: Ce déséquilibre constaté dans la transcription de Rouanet serait-il dû à une notation approximative du rythme (ici avec le 2/4 pour rendre compte du M'samii) ou alors était-il déjà présent dans la version qui a servi à Rouanet ?
 
Pour pouvoir répondre à cette question et à toutes celles qui se posent; il nous faut examiner et analyser tous les éléments en notre possession (les différents enregistrements). C'est ce que nous nous proposons de faire pour la suite.
 

1- Structure de la pièce

 
Tous les couplets de ce chant peuvent commencer par la formule "Rana Djinak ", (nous sommes venus à toi). Ils se continuent par des voeux de joie et de prospérité, des compliments adaptés à la circonstance (adressés à la mariée par exemple). La fin de chaque couplet utilise la formule "Nari Ya Nar" , (Mon feu! Ô quel feu !).
Pour les fêtes (mariages), les premiers couplets sont pratiquement fixés (par la tradition). Les suivants sont des improvisations que la tradition a fini par assimiler. Dans les enregistrements que nous connaissons (et cela semble une règle), la chanteuse (Maalma ou Cheikha, la chef d'orchestre ou la chef de choeur) va terminer ce chant en "adaptant" des paroles de Qadria Çan'a (poèsie populaire; généralement en quatrains - à deux vers -) sur l'air de Rana Djinak. Dans ce cas les couplets se termineront tous par une simple vocalise (- Ah! Ah! - les Ahates): On n'utilisera plus le refrain classique "Nari Ya Nar!". (Nous ne donnerons pas le texte des Qadriate. Les Qadriate çanaa feront l'objet d'une page spéciale.)
 

Le Texte

Les enregistrements ne permettent pas toujours de retrouver les paroles : écoute "pénible" à cause de la qualité sonore et parfois à cause de la technique vocale utilisée. La Maalma Yamna (sur les anciens disques à durée limitée) chantera 5 couplets puis ira vers la Qadria. Meriem Fekkaï nous exposera quant à elle plus de texte - 11 couplets- avant d'aller vers la Qadria. Les paroles ne sont pas toujours faciles à deviner. De plus nous n'avons pas eu de sources écrites fiables.
 

Phonétique et traduction littérale

 

1- Rana Djinak * Ya Dou 3ayni * Rana Djinak * Nari Ya Nar

Nous sommes venus à toi * Ô lumière de mes yeux * Nous sommes venus à toi * Mon feu, ô le feu !

2- Rana Djinak * I kam'mal Farhak * Wi Doum Ahnak * Nari Ya Nar

Nous sommes venus à toi * Que ta joie se réalise * Et que ta sérénité perdure * Mon feu, ô le feu !

3- Ya Laghawate * Hallou S'rayate * Lal'lakoum Djate * Nari Ya Nar

Ô (vous) les Aghas (notables arabes) * Ouvrez vos palais * Votre maitresse (la plus méritante) est arrivée * Mon feu, ô le feu !

4- Proposition : T'aala Fal LiL * Hat LaaMama * U Shadd Al KashmiR (la rime est douteuse)

Viens de nuit * Dépose le turban * Et tiens le châle (cachemire) * Mon feu ...

5- Qaddak Mahlah * 3ouwiyad Sarwal * Fatah Kimah * Nari Ya Nar

Que ta taille est belle (fine) * Telle un guide de sarouel (accessoire - sorte de grosse aiguille en bois sculpté appelée "Oud (3ouwayyad) el Takka"- qui servait à passer le cordon dans la taille des pantalons bouffants. ) * Aux pans fendus * Mon feu...
 

Modèle d'improvisation avec la tournure : "3alamni" (apprends-moi ...)

 

10- 3alamni N'3oum * Fi Wast Bahrak * Na3shak Wan Houm * Nari Ya Nar

Apprends-moi à nager * Dans ta mer * Je tombe amoureux et je me perds * Mon feu ...

11- 3almni L 3oud * Bash Yazha (Yardha) * Sidi Mahmoud * Nari Ya Nar

Apprends-moi à jouer du luth * Pour faire plaisir * A sidi Mahmoud * Mon feu ..
 
Question : Qui est ce "Sidi Mahmoud al 3ain al Kahla" dont il est question dans ce chant ?
 

Autres textes et improvisations (voir plus bas)

 
On trouvera pour ce chant d'autres paroles ça et là suivant les sources et suivant les régions du pays.
 

Des palais fleuris * Les gens sont (heureux) en amour * Et moi pas du tout * Mon feu...

L'oncle Mahmoud * Alias "l'oeil foncé (noir)" * Et le sourcil noir * Mon feu...

Tu habites les montagnes * Toi qui est encore jeune * Mais le rêve tarde à se réaliser * Mon feu...

Devant chez toi (ta demeure) * Je me présente fatigué * Titubant (tombant) comme saoul * Mon feu ...

 
... comme on peut concevoir et "broder" sur différents modèles d'improvisation:
 

Modèle 1:

Ô, [toi l'os de seiche] ) * Pour toi je [m'anéantirai ] * Et pour toi je [ périrai ] * Mon feu Ô mon feu.
(Os de seiche peut-être pour la blancheur de la peau ou peut-être pour d'autres croyances. L'os de seiche et les coquilles d'oeufs faisaient partie de la décoration de toutes les cours intérieures des maisons de la Casbah d'Alger)
 

Modèle 2:

Comment te nommer * Je t'appellerai [ bonnet de bain (brodé) ] * [ Sur ma tête je te poserai (jetterai) ]* Mon feu Ô mon feu
(Ce n'est pas bien flatteur comme comparaison d'être considérée comme un accessoire. Mais certains accessoires très personnels - comme ceux qui faisaient partie de la "sortie" au bain maure; une véritable fête pour les femmes d'Alger - étaient considérés comme de véritables bijoux.)

* * *

2- Retour sur le Rythme M'samii

 
Le rythme M'samii est un rythme d'accompagnement à six percussions que nous retrouvons dans le répertoire apparenté. Il se présente (suivant les témoignages) avec plusieurs accentuations; TDT/DTD ou TTD/TTD ou DTD/DTD... Mais l'accentuation la plus "répandue", celle qui est pratiquée couramment, se présente avec les accents TTT/DTD à l'instar de l'accentuation (unique et unifiée) adoptée au cours de la moitié du 20ème siècle pour le Niçraf :

 
Le rythme M'samii est donc composé de deux cellules identiques. Dans chaque cellule le premier temps est plus court que les deux suivants. Le rapport des percussions tel qu'on pourrait le mesurer par différentes méthodes (sur des enregistrements ou en travaillant avec des percussionnistes) se situerait dans la large fourchette de : [ 0,5 - 0,6 ].
La valeur (0,6) constituera une limite extrême. Au delà on retomberait soit sur le rythme Derdj Constantinois (voir page consacrée sur le site) et, si on continue, sur le rythme du Niçraf algérois.
 
Comme le rapport entre le premier temps et le deuxième temps reste proche de (0,5); les musiciens ont préconisé de schématiser le M'samii avec une mesure à 5/8 (pour une seule cellule) ou avec une mesure à 10/8 (pour les deux cellules). De la façon suivante : (la mention indiquant le rapport des percussions n'est pas portée sur les transcriptions.)

Sauf que le 5/8 est un rythme "trop" carré (sans vie, sans mouvement). Il est utilisé pour schématiser de nombreux rythmes de la musique traditionnelle algérienne: Derdj de Constantine, Niçraf, M'samii, Beroual, Zournadji, etc.. En réalité il ne rend compte d'aucun rythme en particulier. Le 5/8 n'est qu'un "artifice" de musicologie pour classer et pour schématiser les rythmes à trois percussions liées.
 
Notre meilleure estimation (séries de mesures statistiques) pour ce rapport des percussions se situe dans la fourchette (plus fine) de: [ 0,57 - 0,58]. Ces estimations nous conduiront à diviser la mesure en respectivement 31 parties [Soit: Croche pointée deux fois/ Noire pointée / Noire pointée pour une cellule avec un rapport x = 7:12] ou en 18 parties [Soit: Croche / Croche pointée deux fois / Croche pointée deux fois pour une cellule avec un rapport x = 4:7].
Notre choix (écoute, impression, séries de mesures) s'est porté sur le rapport 7/12 ; (Voir sur le site (Partitions) la page consacrée au Derdj Aroubi "Qaddak yasbi" )
 
Pour noter le rythme il faudra adopter un chiffrage simplifié (10/8 ou 5/8) pour plus de lisibilité; les mentions annexes resteront impératives pour guider le lecteur. Mais pour la suite nous éviterons cette simplification...
 
Bien évidemment aucun percussionniste ne pourra "stabiliser" son jeu sur une valeur unique du rapport entre les percussions dans le M'samii (Sauf si c'est un robot ... et encore!). Inutile donc d'espérer fixer cette valeur en épluchant les enregistrements: La valeur "théorique" (si valeur théorique il devait y avoir) dépendrait de considérations autres...
 

3- L'enregistrement Yamna et la transcription de Rouanet

 
Ecoutons l'enregistrement de Yamna (ci-dessous) et concentrons-nous dans un premier temps sur la percussion.

Ouvrir le fichier mp3: RanaDjinaYamna

Nous remarquons plusieurs choses:
1- Le rythme d'accompagnement est constant tout au long de la pièce; un rythme qui se présente avec trois percussions bien distinctes : "TacTac(*)Tac(*)(*)" ; "TacTac(*)Tac(*)(*)"; etc.
 
Ce rythme a bien une "allure" de deux temps. Cette façon de procéder reste assez proche du Berouali (un rythme au caractère ternaire dérivé du M'samii par une autre façon de grouper les temps de base)... Ici Yamna le prend le rythme "standard" sur son 2ème temps. (On arrive à percevoir deux autres percussions faibles après la 3ème percussion et une percussion faible - mais audible - après la deuxième; soit six percussions au total. L'accent est mis sur le 2ème temps et sur le 5ème temps du rythme standard. Comme le rythme M'samii est symétrique ces temps pourraient très bien coïncider avec un 2/4. Un deux temps certes irrégulier mais un deux temps quand même.
 
On pourrait écrire cette percussion (à la Yamna) comme : [( 1 )(1 + x )( 2 + x )] où on prendrait x = 7/12 (on peut écouter le résultat en cliquant sur l'image. (Nos mesures montrent que Yamna reste vraiment dans cette plage pour le rapport entre percussions.)

Si on utilisait ( x = 4/7 ) cela donnerait quelque chose de proche ...

Ces rythmes ne correspondent pas à la "réalité" de l'exécution; c'est juste une approche chiffrée pour pouvoir transcrire plus ou moins fidèlement... On pourra toujours adoptet la façon en 5/8.
 
2- Dans cet enregistrement Yamna fait 4 + 4 = 08 mesures ( Si on simplifie à la façon du 2/4 on comptabilisera donc 8+8 = 16 mesures ou 16 pas de marche). Ceci semble plus "logique" comme équilibrage pour cette pièce (la réponse instrumentale est aussi en 16 mesures). De plus l'attaque du second hémistiche se fera de la même façon que celle du premier hémistiche (Rana Dji.. sur temps 2, 5, 2).
Mais ce n'est pas encore parfait comme équilibrage car Yamna procède à une compensation du rythme au niveau du deuxième hémistiche avec "Ya Dhu Aayni". (L'endroit le plus difficile à noter car toutes les syllabes sont "flottantes")
 
La version de Yamna nous propose (à première vue) un bon modèle d'équilibrage. Mais il restera des choses à dire...
 

Comment transcrire la version Yamna ?

 
On voit bien, à cause de la percussion d'accompagnement et à cause de la position des accents, que la première idée pour transcrire ce chant (façon Yamna) serait d'utiliser un deux temps et de faire coïncider accents du M'samii et temps forts du deux temps (soit deux mesures à 2/4 pour une mesure de M'samii). [le triolet dans le deux temps schématisera les trois temps de la cellule de M'samii; temps pris à partir du temps 2 du M'samii] . Schématiquement ça donne :

 

Comment comprendre la division des temps de base chez Yamna ?

 
Réécoutons Yamna encore (et il ne faut pas hésiter à modifier la vitesse de lecture). Cette fois en nous concentrant sur la division des temps lors du chant; c'est-à-dire sur la position des syllabes (le découpage) par rapport aux temps de base de la percussion . On remarquera:
 
1- Que les syllabes longues ne posent pas de problèmes de "repérage". Elles se positionnent presque toutes sur les temps 2 et temps 5 (repères bleus) = temps "forts" du chant.
Par rapport aux temps 3 et 6 du Ms'amii = temps "forts" du rythme standard; il y aurait comme une sorte d'anticipation systématique très difficile à constater de prime abord. Certaines syllabes semblent s'étaler (attaques pas très franches) sur deux positions comme le fait Yamna. Une technique vocale qui rend très difficile le "décodage" de ces anciens enregistrements.
 
On sent que la division opérée par Yamna ne suit pas "strictement" le rythme imprimé par la percussion. Il y a chez elle comme une "fluidité" qu'on ne pourrait pas traduire si on plaquait les syllabes sur les temps de la percussion. Les temps de base de la percussion seraient "fractionnés" d'une façon très "spéciale". Mais comment ? C'est là toute la difficulté pour saisir et surtout pour quantifier la grille qui sert à positionner les syllabes. C'est cette "fluidité" qui met au défi la notation musicale. Pour la saisir il faut non seulement trouver la bonne mesure (nombre de parties) mais aussi la bonne division des temps de base. (Voir le sujet sur le Derdj de Constantine). Nous sommes donc obligés de fixer (rattacher) ces syllabes "flottantes" sur les temps accentués (une sorte de grille théorique) pour pouvoir transcrire. Il ne faut donc pas espérer un résultat à l'identique : Ce n'est d'ailleurs pas le but de la transcription.
 

La grille selon Yamna

Voici, ci-dessous, la grille qui donne la position des syllabes (pratiquement pour les 5 couplets) chez Yamna. Les syllabes sont toutes repérées (par rapport aux temps de base du M'samii) mais pour certaines d'entre-elles on ne sait pas si elles sont sur les temps ou sur la subdivision des temps (levée) à cause de la technique de Yamna et sa façon "d'étaler" les attaques.

Note: Les temps du M'samii sont notés "1,2,3,4,5,6" . Les cases jaunes correspondent aux syllabes "faibles". Le double trait rouge à une "compensation" (négative) du rythme (=temps en plus ou débordement). Les syllabes "flottantes" (attaques moins franches) sont indiquées avec la petite flèche et le point.
 

Décodage

 
1- Yamna réalise un équilibrage global entre les hémistiches. Mais cet équilibrage n'est pas parfait. En effet, le deuxième hémistiche est attaqué en retard (flottant sur temps 4 ; mesure 3).
2- Toutes les syllabes "fortes" sont pratiquement sur les temps 2 et temps 5 ; ce qui correspond au rythme d'accompagnement "spécial" que Yamna utilise.
3- En fait, Yamna nous montre que dans la Tradition le premier hémistiche, à savoir "Rana Djinak", devait se chanter en Cinq cellules de Ms'amii ... peut-être comme le suggère la transcription de Rouanet ! Elle nous montre aussi, par la distribution des accents, que toutes les cellules rythmiques de ce chant seraient en fait accentuées TDT. Cette constatation ouvre la porte à une supposition, une hypothèse:
 
Hypothèse: Yamna aurait-elle "symétrisé" un chant, qui devait évoluer en ( 05 ) cellules de M'samii (ou autre rythme), en le "réduisant" à 4 cellules ? Dans ce cas, le "Rana Djinak" serait un bon candidat pour un M'samii construit avec un nombre impair de cellules. Il faudra encore préciser ce résultat qui rejoindrait la structure des Qadria çanaa construites avec des cellules de Niçraf (dans une alternance pair / impair).
 
4- Au troisième hémistiche ( mesure 6) Yamna opère une inversion d'accent: En effet, on voit que l'accentuation de la syllabe "Dji" (dans "Rana Djinak") a changé d'accent passant de "forte" à "faible" (case jaune). Ceci ne semble pas logique. D'autant que sur la transcription de Rouanet la reprise de Rana Djinak (3ème hémistiche) se fait avec les mêmes accents ... et avec la même mélodie donnant au chant la structure A B A C ;
5- Le second hémistiche reste "mieux" calé sur les temps 2 et temps 5.
 

La Transcription

 
Voici une énième tentative de transcription de la version Yamna (écrtiture avec un rapport de percussion de 7:12 dans le M'samii soit un 31/16) d'après la grille effective (du moins celle que nous avons captée - et ce n'est pas évident - on a dû s'y reprendre à plusieurs fois).
 
Le passage à une écriture simplifiée façon 10/8 ne posera pas de problèmes (il suffit de ne pas tenir compte des notes pointées mais juste de leurs figures respectives. En cela le 31/12 est "graphiquement" équivalent au 10/8).
 

Pour avoir une idée de la transcription ouvrir le fichier Midi RanaDjinakYamnaTranscription
 
Nous avons rassemblé les notes pour faire apparaitre trois groupes correspondants aux trois temps de base du M'samii.Mais on pourra "dépersonnaliser" cette transcription en adoptant la grille théorique du découpage; celle qui est calée sur les temps "forts" du Ms'amii (temps 2 et temps 5).
 

La transcription "simplifiée" à la Rouanet

 
Cette transcription aussi être écrite de façon simplifiée. On pourra comparer avec le texte musical de Rouanet. A quelques nuances près (hauteurs des notes et attaques au début des hémistiches) les deux textes restent pratiquement équivalents.

Pour écouter le résultat (de cette grille déformée façon 2/4) ouvrir le fichier MIDI RanaDjinakSimplifié On fera la comparaison avec la version Rouanet donnée plus haut.
 
Le résultat de cette "simplification" peut se tenir musicalement comme se tient le résultat de Rouanet. C'est là le côté protéiforme de la musique traditionnelle (mesurée): on peut la "tourner" de 1001 façons comme disent les musiciens. Le revers de la médaille c'est qu'une notation même "inadaptée" peut très bien aboutir à une version plutôt "cohérente", voire même séduisante bien entendu différente de l'originale. Mais tant que la tradition perdure (témoins vivants et enregistrements) il n'y a aucun risque de voir l'écrit "déformer" la musique...
 

4- L'interprétation sous la direction de Meriem Fekkaï

 
La version enregistrée par Meriem Fekkaï a été présentée par El Boudali Safir [El Boudali Safir - Chant et musique d'Algérie disque N° 03; collection disques RTA) ]. Voici ce qu'il note:
 
Dakhli m'samaï, ce chant populaire célèbre appartient au vieux répertoire féminin d'Alger. C'est celui que chantent les "msamaat", (musiciennes algériennes), à leur entrée dans chaque maison où se donne une fête familiale traditionnelle (mariage, fiançailles, circoncision, etc...). Sur un rythme fortement souligné par les percussions des Tars et des Derboukas, le choeur, sous la direction de la regrettée Meriem Fekkaï, entonne avec gaieté la joie de sa venue, ses souhaits de bonheur et de félicité durables.
 

La percussion d'accompagnement et la grille des syllabes

 
L'orchestre de Meriem Fekkaï adoptera le rythme "standard" du M'samii avec ses six percussions de base. Cette façon de procéder est très complexe; c'est-à-dire plutôt délicate à l'exécution. Cela se ressentira à l'écoute où on notera un certain flottement des percussions (le Târ - trop présent - ne semble pas très "en phase" avec le chant). Meriem Fekkaï, en professionnelle, comblera ce flottement en usant à loisir de ces syllabes aux attaques "diluées". La grille de la position des syllabes dans l'interprétation de Meriem Fekkaï permet de se faire une idée de cette technique, similaire à celle de Yamna. En fait la grille effective de Fekkaï n'est pas si décalée par rapport à celle de Yamna.
 

Décodage

 
1- Meriem Fekkaï suit la grille Yamna pour la mesure 1 et la mesure 2 (première ligne)
2- Tout comme Yamna, il y a un petit débordement au début de la mesure 3 (trait rouge). La compensation se fera de la même façon peut-être avec un léger retard chez Meriem Fekkaï (sur temps 5 au lieu du temps 4 ). De ce fait Fekkaï fera deux inversions d'accents dans ce 3ème hémistiche. Les syllabes "Ra" et "Dji" (de Rana Djinak) passent de fortes à faibles.
3 - (Et différence principale avec Yamna) - A la fin de la mesure 4 (ligne 2) Fekkaï n'a toujours pas placé la dernière syllabe ("Ni"). Celle-ci sera "flottante" et ira sur le temps 1 de la mesure 5. Ce faisant, et dans cet "élan" pour enjoliver le chant, elle brisera le rythme de la pièce en soutenant cette dernière syllabe sur les premiers temps (1, 2 et 3) de la mesure 5 - qui appartient déjà au second hémistiche -. Dans le jargon de la musique traditionnelle cela constitue un "défaut" de rythme: on dit dans ce cas que le Mizane "s'est retourné" (renversé). Ceci l'obligera à "compenser" le rythme une seconde fois pour se recaler sur la grille Yamna (et là encore peut-être avec un leger retard).
 
Note: - La réplique instrumentale chez Fekkaï (version actuelle) introduira des sonorités Aaraq. Elle sera découpée en 3+3+2 mesures; loin des 4 + 4 mesures du chant.
 
Ecoutons l'enregistrement Meriem Fekkaï . RanaDjinakFekkaï
 

La Transcription

 
Donnons quand même la transcription de la version Meriem Fekkaï (sur la base de la grille effective ); Cette version ne diffèrera pas vraiment de celle de Yamna. La notation n'est pas simplifiée mais nous avons vu (plus haut) comment obtenir une "traduction" en 10/8 ou en 2/4. Nous avons écrit le rythme standard de façon décalée (2,3,4,5,6,1) pour faciliter la comparaison avec la version de Yamna.

Pour écouter le résultat ouvrir le fichier Midi RanaDjinakFekkaï
 

Le Paradoxe de la tradition... où l'influence des enregistrements

 
Meriem Fekkaï est considérée comme "l'élève" de la Maalma Yamna dans l'art du M'samaa (chant féminin). Sa version (son interprétation) du "Rana Djinak" est devenue "l'hymne national" des mariages. La question qu'on doit se poser c'est de savoir par quels "glissements" successifs une version [en fait un enregistrement car il fait référence] qui comporte autant de "petits défauts" (certes imperceptibles mais qui affectent "ponctuellement" l'équilibrage de la pièce) plus une "bizarrerie" dans la réplique instrumentale a réussi à s'imposer auprès du grand public alors que la version [enregistrement] de la Maalma Yamna, "plus solide", a fini par être éclipsée, oubliée ?
 

La technique des Maalem

 
Il y a chez les Maalem une fluidité dans le chant difficile à saisir. Elle consiste à donner aux syllabes des positions "flottantes", tantôt avant les temps de base, tantôt juste après et sans "codification" particulière (à priori). En tous cas ils ne devaient pas chanter "carré" en plaquant les syllabes une grille figée (imposée par la percussion) comme on le fait actuellement. Cependant, les "compensations" rythmiques qu'on peut observer ça et là traduisent toujours des "défauts" (de structures) surtout quand elles touchent à l'équilibrage.
 

5- Interprétations récentes

 
On trouvera sur Internet plusieurs liens vers des interprétations de ce morceau. On remarquera que pour Alger on ne s'éloignera pratiquement pas de la version "fixée" par Meriem Fekkaï la plus largement diffusée (disques, émission télé d'avant 1962 qui passait et repassait sur la télé algérienne dans les années 70 et 80 - ) Force de la tradition (ou plutôt des enregistrements connus qui font référence) ou manque d'inspiration ?
 
Nous avons vu que la ligne de réplique instrumentale ne correspond pas exactement avec la ligne du chant dans les versions modernes. Voici pour illustration la transcription d'une réplique instrumentale telle qu'on peut la rencontrer actuellement.

Ouvrir le fichier Midi pour écouter = RanaDjinakDjouabActuel
 
On reste sur une base de 8 mesures de M'samii; mais dans un équilibrage qui n'a rien à voir avec celui opéré lors du chant. Cette réplique est en (3 + 3 + 2) = 8 mesures comme nous pouvons le voir sur la transcription.
 
Et là on peut se poser encore des questions:
1- Comment s'est installée (et imposée) cette réplique qui ne correspond pas au chant ? (Structure différente avec en plus des accents qui "glissent" plutôt vers les temps 3 ou temps 6. )
2- Chez Yamna la réplique instrumentale reste dans le même Tab' que le chant (plutôt Raml-al-Maya ou Hsin - gamme de La- d'après les signatures). Or dans la pratique actuelle on penche vers le Aaraq avec l'intrusion des Do#.
3- Existait-il une mélodie proche qui aurait pu "interférer" avec le Rana Djinak ?
 

6- Et si par hasard ....

 
Il est peut-être "trop facile" de considérer les "débordements" observés dans le Rana Djinak (comme des défauts de rythmes ou d'équilibrage). Or, si on examine un peu mieux ce que nous offrent les archives on peut arriver à une tout autre conclusion:
 
1- Rouanet nous propose un premier hémistiche (Rana Djinak) sur la base de 05 cellules de M'samii. Il se trouve que Yamna et Fekkaï le font aussi en 05 cellules mais de manières différentes.
2- Fekkaï fait le deuxième hémistiche (Ya Dhu Aayni) en 04 cellules avec une dernière syllabe qui se prolonge. Alors que Yamna le fait en trois (03) avec dernière syllabe courte. Et chez ces deux interprètes l'attaque, qui compense un défaut de rythme, est écourtée et oblige à une inversion des accents [avec un "Ya" = Faible].
Si on adopte l'attaque plus "solennelle" proposée par Rouanet avec [ "Ya" = forte et syllabes suivantes fortes aussi], on pourra faire cet hémistiche en 05 cellules de M'samii.
3- Au troisième hémistiche (Rana Djinak), il n'y aura aucune raison de changer la structure du chant puisqu'on reprend le même hémistiche que le début. On a vu que Yamna reste dans cette logique mais chantera en 04 cellules au lieu des 05 qu'elle fait pour l'hémistiche 1). Quant à Fekkaï elle chantera en 03 cellules au lieu des 05.
La logique (et peut-être la musique) voudrait qu'il soit comme exécuté sur le modèle du premier hémistiche; c'est-à-dire en 05 cellules (mais pas forcément sur le même air aux variations près).
4- Après tout cela rien ne nous empêchera de chanter le refrain (Nari Ya Nar) en 05 cellules.
 
Le chant (Rana Djinak) pouvait donc très bien se concevoir sur un rythme à base de 05 cellules de M'samii (à la deux temps); Rouanet l'aura donc bien souligné (à deux mesures près). (Il aurait dû transcrire en 5+5 et 5+5 mesures au lieu de 5+4 et 5+4): C'est pour cela que nous disons que la transcription de Rouanet est très bonne, et surtout logique.
 
Comment ne pas supposer alors que c'est peut-être la tradition des M'samaa (chant féminin, mariages) aurait "altéré" ce chant des processions religieuses par l'utilisation d'un rythme d'accompagnement "symétrisé" (à deux cellules groupées) donc quelque part inadapté.
 
La 5ème mesure de cette structure particulière (chant quasi-libre) peut mieux supporter les variantes qu'on fait pour "enjoliver" les finales (arabesques) un peu comme dans la pratique de la Qacida religieuse.
 
La restauration de la version Rouanet ne posera donc pas de problèmes.
 
On pourra toujours se livrer ensuite à un petit divertissement musical en compilant et en brodant une version "hybride" avec les éléments de Rouanet (la base de la construction en gardant les signatures vocales - chant grave et solennel qui sied aux processions- ). Pour le registre des Msamaate (mariages, fêtes) on puisera un peu de joie - maitrisée - avec la finesse et les nuances de Yamna et un peu plus d'ambiance et de jeunesse avec les envolées (vers le Mi) de Meriem Fekkaï .... mais toujours sur de l'impair... histoire de conjurer le mauvais sort : Et 05 - mesures - dans les yeux des envieux! Il suffira juste de (changer) "jouer" sur les attaques. (Voir sur la proposition sur la transcription)
 
Le rythme d'accompagnement est celui qu'avait noté Rouanet sur sa transcription. On sent bien le jeu du Tebbeul ou Bendir. La signature est Raml_al_Maya comme celle qu'on retrouve sur un Meçaddar Arubi très proche de ce Rana Djinak. [ un peu folklorique comme rythme, mais on laissera passer !] La version hybride s'obtient en révisant les attaques (débuts de mesures) notées par Rouanet.

Pour avoir une idée de la transcription ouvrir le fichier midi RanaDjinakBaseCinq
Pour avoir une idée de la transcription (ornement) ouvrir le fichier RanaDjinakHybride
 

7- Avant de terminer : Une petite digression musicale.

 
Ce rythme à quatre percussions (les trois liées - quand on ajoute celle qui est à peine perçue - et une isolée et longue) à la façon qu'on devine sur l'enregistrement de Yamna avec le M'samii) nous renvoie à plusieurs pièces connues en musique. Nous pensons au 3ème mouvement dans la 5ème symphonie de Beethoven, ou alors au boléro de Ravel... Le répertoire universel nous offre de multiples exemples.
A l'écoute (de Ravel, de Beethoven, etc. ) on sent que ces groupes (les triolets -) ne sont pas "carrés" : il y a toujours comme un accent sur l'un des temps (Beethoven le plaçait sur la troisième percussion). Il y a une sorte de "mouvement", de "tension" particulière qui serait absente si les temps étaient strictement égaux. Du moins c'est notre impression....
On pourrait alors "revisiter" - à titre de divertissement musical - certaines partitions (universelles) dans une optique M'samii (ou Niçraf ou tout autre rythme dans une division [1: x :1] du triolet; avec 0,5<x<1. (Il suffit juste de réécrire les groupes de trois notes en utilisant par exemple ici le rapport 7:12 ou tout autre rapport approchant). Nous l'avons essayé avec le Boléro de Ravel.

Illustration MIDI ouvrir le fichier =BoleroTheme

 
Et voici "l'exercice" pour les adeptes de la Musique_Informatique: Réécrire ou régler les croches dans le thème du boléro en suivant la division du M'samii. Le résultat sera certes "épouvantable" à voir (à lire, avec des figures de notes pointées 4 fois et autres figures compliquées). Donc il n'est pas question d'adopter une telle notation. Mais à l'écoute la différence est vraiment perceptible; surtout au niveau du groupe des neuf percussions consécutives - les trois triolets à la fin du rythme -! (Il faudra penser à régler le tempo pour faire coïncider les deux notations (faire en sorte que la durée de la pièce soit la même.)

Illustration MIDI ouvrir le fichier = BoleroTransposé
La percussion nous rappelle ici ce jeu d'enfant où il fallait battre des mains une fois main contre (A) l'autre fois la main droite sur la poitrine (tsha) puis la main gauche sur la poitrine (b) et enfin les deux mains ensemble (li) et on reprend le cycle. On appelait ça "A-tsha-b-li / A-tsha-b-la / A-tsha-b-li-tsha-b-li-tsha-b-la !... on pouvait compliquer le jeu en faisant intervenir les pieds.
 
On comprendra que jouer le boléro (ou tout autre pièce) tel qu'il est sur la partition d'origine peut donner un résultat très "fade", sans "âme". Une division asymétrique du triolet (genre à la M'samii ou tout autre) lui conviendrait très bien à ce boléro. N'est-ce pas que cette pièce est d'inspiration arabo-andalouse - comme le reconnaît son compositeur- ?
 

A Méditer...

 
Les musiciens traditionnels ne sont pas toujours (ou encore) convaincus de la capacité de la notation musicale à rendre compte de ce qu'ils appellent "l'âme" de leur musique. Avec la discussion précédente sur le Ms'amii on ne peut que leur donner raison. Mais si cette "âme" se cachait derrière une estimation plus "fine" des rapports entre les temps (de chaque note)?
Sauf qu'on ne peut pas demander à une notation musicale de reproduire exactement tous ces rapports, de quantifier tous les accents. La perte de temps serait énorme pour un résultat pas toujours garanti. Car une notation n'est pas un enregistrement de musique, tout comme une langue n'est pas une transcription phonétique. Une notation alternative peut-être ? Nous ne sommes pas sûrs que cela pourrait améliorer les résultats.
 

Conclusion

 
Nous avons essayé de faire le tour des questions qu'on se pose sur ce chant très familier qu'on croyait sans surprises. On s'aperçoit au final qu'il soulève encore nombreuses questions.
La musique (et surtout la technique des Maalem qui vivaient cette musique et parfois de cette musique) reste un sujet "inexploré". On devinera quelque part pourquoi les acteurs de cette musique (depuis la 2ème moitié du 20ème siècle) ont dû opérer des "simplifications", des "raccourcis" dans le décodage de la tradition; comme ceux qu'on peut prévoir avec des mauvaises transcriptions.
Nous sommes persuadés que les "dérives" constatées (dans l'interprétation) durant ce 20 ème siècle sont pour partie dues à la mauvaise lecture des enregistrements. [Tous les acteurs de cette musique - la génération des années 30 et 40 - ont eu recours aux enregistrements des Yafil, des Yamna, des Saïdi, des Benoubia, des Ledjam, des Serror... ]
Les archives qui dorment encore recèleraient des trésors. Encore faut-il les exploiter. Encore faut-il savoir se remettre en question. Quitte à revisiter cette tradition qui, depuis belle lurette (depuis l'invention des cylindres, des disques, des bandes magnétiques, des CD), perd de plus en plus de sa "spontanéité" pour ne pas dire de son naturel ou de son authenticité. (Les imitateurs - et surtout les mauvais - font légion.)
 
Comme toujours, nous aurons tout de même essayé avec "Rana Djinak". Ce n'était pas si évident. Et si c'était à refaire "on ferait encore plus compliqué !"
On aura peut-être plus de chance, en changeant de sujet, avec "Abqaw Aala Khir" (au revoir! ); l'autre monument de la chanson au Maghreb !

* * *

 

Y.T.

Novembre 2010

 
Remerciements à Waïl pour les textes et pour l'enregistrement de Yamna. Merci à la présidente de la chorale du Club El Safina (Paris) pour l'intérêt qu'elle a porté à ce sujet... pas si facile en définitive. Merci à Fazilet pour la lecture critique. Bienvenue aux suggestions pour compléter cette page...
 

Bonus

 
Voici un enregistrement solo (sans les percussions) avec Yamna au violon. On appréciera la technique instrumentale et les ornements vocaux qu'elle ne fait pas dans l'exemple que nous avons donné plus haut. On pourra aussi comparer la réplique instrumentale qu'elle nous propose avec celle qui a cours aujourd'hui (moderne).
1- On remarquera que dans cet enregistrement Yamna "force" un peu vers le rythme "beroual" (qui s'obtient à partir du M'samii en groupant les temps de base d'une façon particulière; mais assez proche de celle qu'elle nous a présentée dans l'enregistrement avec percussions)
2- Dans un couplet elle remplacera "Nari Ya Nar" par "Dini Ya Dine" (expression très algéroise qui marque l'émerveillement - elle a presque disparu de notre langage -)

YamnaSoloRanaDjinak

Ikammal farhak Wi Doum aalik !

 

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